Si Paranoid park se résumait à une histoire, ce serait celle d'Alex (Gabe Nevins), un lycéen fan de skate, qui, au cours d'une bagarre avec un agent de sécurité, a accidentellement tué ce dernier. Il s'ensuit un parcours fait d'incertitude : devrait-il le dire, devrait-il se dénoncer à quelqu'un ? Ca semblait être la meilleure solution, mais, il finit par en douter, ne devrait-il pas juste se la boucler ? Alors s'opère un glissement, il va continuer à mener la vie d'un adolescent moyen, paraître un adolescent comme les autres, mais ce n'est pas si facile, quand on porte un si lourd secret.
Gus Van Sant s'est déjà penché, avec Elephant sur l'univers de la jeunesse, en particulier quand il est lié aux histoires de meurtres, il s'intéresse à cette tranche de vie pour la spontanéité qu'elle dégage, son cinéma lie à la fois le symbolique, on parle même d'architecture cinématographique, et cette spontanéité qu'il puise dans les acteurs eux-mêmes. S'en suit une représentation de l'adolescence que L'Express qualifie d'une délicatesse admirable. Son traitement du temps et de l'espace est toujours fascinant, aussi le titre, "Paranoid Park" n'est autre que le nom du lieu du meurtre, qui se trouve être un des spots les plus malfamés de Portland.